Under The Résultats
Jean-Charles Massera
12 affiches 4 x 3 m
12 affiches 120 x 176 cm
Affichage dans l’espace public du 13 mai au 1er juillet 2008
Biennale d’Art Contemporain, les Ateliers de Rennes : "Valeurs croisées". Rennes
Production : les Ateliers de Rennes
Projet réalisé dans le cadre de la commande publique

Under The Résultats (Les raisons) *
Dans un contexte historique et social où la construction de soi peine désormais à s’effectuer dans le cadre d’une activité professionnelle (façon de considérer le travail non plus comme une activité participant à la construction de soi dans laquelle on engage sa subjectivité, mais comme une activité exclusivement destinée à assurer son existence sur le plan matériel ; survalorisation du temps libre),
Dans un contexte économique et culturel où les représentations du travail salarié semblent plus pensées à l’échelle des projections, des résultats et des intérêts des groupes et des entreprises qu’à l’échelle de celles et ceux que ces mêmes groupes ou entreprises emploient,
Dans une culture et une société où la représentation de l’activité salariée se réduit le plus souvent à une
vision comptable des personnes employées par secteurs et par branches ou au nombre des demandeurs d’emploi,
Quelques questions : en tant que salarié(e), peut-on se reconnaître (ou pas), se projeter (ou pas) dans les résultats d’une entreprise, d’un groupe qui nous emploie ? et si cette entreprise, ce groupe a une image (la marque), peut-on se reconnaître (ou pas) dans cette image ? existe-t-il encore un produit identifiable de notre travail, un produit non abstrait, que nous pouvons nous approprier en tant que salarié(e) – et non seulement en tant qu’usager ou consommateur ? Quelles sont les représentations (encore) possibles de soi au travail ?

Ces questions ont été posées à onze salarié(e)s du bassin rennais dans le cadre d’entretiens conduits par l’auteur.

Under The Résultats (La visée)
Le temps d’une exposition, donner une visibilité à des paroles qui n’ont pas de représentation. Confronter ces paroles traduisant une expérience aux représentations que notre société se donne d’elle-même dans l’un des espaces – l’espace public – qui lui sert de relais pour assurer son fonctionnement (les panneaux déroulants et les sucettes comme formats de représentation de la réduction de l’existence à l’usage et à la consommation de produits, et de projection dans un ailleurs publicitaire qui nous détourne de la conscientisation de ce que nous sommes et faisons ici et maintenant). Faire intrusion (en lettrage blanc sur fond rouge) dans la langue, la forme et le format de l’ennemi (entre deux publicités dans les panneaux déroulants ; au milieu d’une place ; à un carrefour dans un abribus ; sur une sucette au milieu d’un terre-plein, etc.) et parler dans sa forme d’adresse (l’affichage et
la captation de l’attention) sans que ces paroles ne soient assujetties à une fin (la vente, la sensibilisation, l’information, etc.) autre que la construction d’un « je » ou d’un « nous ». (Re)prendre une place, la construire.

Jean-Charles Massera

* in Valeurs Croisées, Crossing Values / Les Ateliers de Rennes – Biennale d’art contemporain # 1, 2008, Les Presses du Réel.

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